Dans le but avoué de ralentir la progression du Covid 19, le gouvernement français déclare un confinement généralisé de la population. De nombreux commerçants parmi lesquels les concessionnaires automobiles sont contraints de baisser le rideau jusqu’à la date du 11 Mai.
L’effet sur les ventes de véhicules neufs ne s’est pas fait attendre
Les mois de Mars et Avril ont vu les ventes s’effondrer sur le marché français respectivement de 72 et 88% par rapport aux mêmes périodes de l’année précédente.
La légère embellie constatée en Juin et Juillet ne durera pas, les chiffres totaux accusant un net recul par rapport à l’année précédente. Sur l’ensemble des 10 premiers mois, la chute totale du marché est, de fait, proche de 27%. Sur le marché européen, la tendance est exactement la même. Hors mois de Septembre, les ventes de véhicules neufs accusent des baisses spectaculaires par rapport à leurs niveaux de l’année précédente.
La quasi-totalité des constructeurs sont concernés. Si Toyota, Porsche ou DS arrivent à limiter la casse avec des baisses de ventes se limitant à 20%, d’autres tels que Ford ou Citroën ont vu leurs ventes plonger de plus de 30%. Seule marque à tirer son épingle du jeu, Tesla qui réussit non pas seulement à préserver ses volumes de ventes mais même à les augmenter.
Le deuxième confinement intervenu au mois de novembre n’arrange évidemment pas les choses
Le Comité National des Professionnels de l’Automobile s’inquiète des conséquences du second confinement sur le secteur automobile et avance déjà des chiffres inquiétants après seulement une semaine. En effet la vente de voitures neuves aurait baissé de 70% durant cette période. Le secteur de la réparation est lui aussi touché avec une baisse de 30 % de l’activité d’entretien-réparation et même de 50 % pour la carrosserie. De nombreuses entreprises doivent aujourd’hui lutter pour leur survie. Le CNPA réclame d’urgence des aménagements pour pouvoir maintenir l’activité moyennant certes des mesures sanitaires spéciales.
Ainsi en Allemagne, les concessions, sous réserve de maintenir un espace de 10 m2 par client ont pu rester ouvertes depuis le printemps. Ceci a permis de limiter la baisse de la consommation automobile à – 3,6 % en octobre outre Rhin, contre – 9,5 % en France. »
À contrario, la décision du gouvernement de maintenir ouvertes les usines de production automobiles semble incompréhensible. En effet, sans ouverture des concessions, et en l’absence de généralisations d’achat de voitures par internet on voit mal comment les constructeurs pourraient écouler les véhicules issus de leurs sites de production.
Luc Chatel, président de la plateforme automobile n’hésite pas à prédire de son côté un effondrement du marché. Sous sa présidence et en présence 3 ministres, une réunion extraordinaire sous forme de comité stratégique de la filière automobile s’est tenue le vendredi 6 novembre 2020.
L’une des pistes évoquées pour tenter de soutenir le marché est l’électrification du parc avec comme levier la désormais célèbre transition écologique. Si le pourcentage de voitures 100% électriques vendues reste marginal par rapport à l’ensemble du marché le bond est toutefois conséquent.
Malgré la morosité ambiante, le nombre total de véhicules de ce type vendus sur le sol français devrait approcher les 100 000 en 2020. Ce chiffre confirme le décollage de ce type de motorisations, leurs volumes de vente étant supérieurs sur les 10 premiers mois de l’année au volume globaux de 2019 et ce malgré la crise sanitaire et les effets du confinement du printemps.
Le renouvellement complet du parc automobile actuel comme bouclier à la crise semble donc la voie prise par les pouvoirs publics. Cependant, 3 problèmes de taille se profilent.
Tout d’abord si l’offre en termes de voitures électriques a récemment fait un bond avec l’apparition sur le marché de véhicules récents tels la Tesla model 3, les Peugeot e-208 et e-2008 ou encore les Hyundai Kona électrique ou Kia e-Niro, le nombre de bornes de recharge disponibles en France est jugé insuffisant. L’objectif des 100 000 bornes de recharges supplémentaires en France a donc été fixé à l’échéance de fin 2021, au lieu de fin 2022 comme initialement prévue. Un programme spécifique nommé Advenir devrait prendre en charge jusqu’à 60% du coût des installations ouvertes au public. 2è problème les crédits. En effet, de nombreux acteurs de l’industrie automobile aux comptes exsangues n’ont pas les moyens d’investir dans la recherche et le développement de motorisations innovantes. Pour tenter de palier à ce problème, BPI France allié aux 2 constructeurs français a dévoilé en début d’année le Fonds avenir automobile 2. Plus de 150 millions d’euros devraient être engagés d’ici la fin de l’année 2020 pour soutenir la recherche et développement de la filière, dont 120 millions pour développer la production de composants stratégiques à destination des véhicules électrifiés. On se demande toutefois quel poids peut-avoir cette somme à l’échelle des 200 Milliards d’Euros de CA que pèse l’automobile dans l’industrie manufacturière française.
Finalement 3è problème à cette transition énergétique. Le renouvellement du parc automobile s’il est souhaité par le gouvernement implique non seulement que les acheteurs soient prêts à sauter le pas, mais aussi qu’ils aient la possibilité de le faire. Le plongeon du pouvoir d’achat des ménages français au 2è trimestre 2020 est loin d’être de bon augure sur ce point. Les chiffres du chômage en hausse depuis le début de l’année ne sont pas plus rassurants d’autant que pas un jour ne passe sans que de nouveaux plans sociaux et vagues de licenciements soient annoncés.